La scène se déroule dans les montagnes, sous un orage terrifiant et une pluie battante. LUKE est debout, en train de gravir la montagne en direction de l’Observatoire. Ses vêtements sont sales, son corps recouvert de blessures. Il est trempé de la tête aux pieds.

LUKE, indescriptible : « Entre mes mains s’agite mon destin, palpitant entre mes phalanges. Désormais je le maîtrise, et le prix que coûte cet achèvement vaut toutes les souffrances que mon être puisse endurer. Les éléments se déchaînent sur cette cité en proie aux eaux de la nature, mais je n’ai plus peur, et les voix qui se percutent dans mon esprit se sont tues. Je tourne la page sur ma vie, efface autant que je le puisse, avec le bord de mes manches, les regrets du passé du tableau pittoresque de ma vie. Picasso se languirait d’admirer mon œuvre, celle que j’ai construite pour les autres, et que je peux enfin serrer dans mes bras. Ma vie m’appartient, et je ne puis jamais à nouveau laisser quelqu’un me la dérober, ou embrasser de mes côtes la douloureuse sensation de la trahison. Je suis certainement moins invincible que je pouvais le penser, mais j’ai mûri, et je sais désormais quelles sont les tournants à prendre pour trouver ma voie. Et alors que je marche depuis de longues minutes, le souffle court, comme animé d’une puissance qui dépasse ma conscience, je me dirige vers l’unique repère au milieu de cette mer agitée, une dernière bouée jetée pour empêcher ma noyade. Dans cet horizon de ténèbres dont on ne pourrait sortir sans blessures, elle est mon phare, mon guide, ma dernière luciole. Il marque une pause dans son ascension. Alizée, ma chère seconde, me reconnaîtras-tu ? Tandis que je me présenterais devant toi, détruit et misérable, déchu de mon rang, mais enfin libre, pourras-tu encore poser sur moi ta loyauté et ton admiration ? Ton regard supportera-t-il de me voir ainsi décharné et en proie aux terreurs du monde ? Ô nuit orageuse, tu ne peux me répondre, je ne le sais que trop bien. Et déjà qu’au lointain les contours de ce bâtiment que j’ai construit en ton honneur se dessinent, je sens mon cœur battre la chamade, comme submergé vingt milles lieux sous les mers par une main invisible, maintenu en apnée contre ma propre volonté. Il secoue la tête. LUKE ressaisit toi bon sang, tu ne dois pas douter en elle. Malgré tes absences, malgré tes déboires, tu dois continuer de croire en elle, ta dernière étoile dans le ciel de minuit. Et si jamais elle ne te reconnaît pas, alors même seul tu devras tenir ton navire et te battre jusqu’à ton dernier souffle et honorer ta promesse : être libre. »

LUKE s’arrête devant la porte de l’observatoire, il halète. Il s’apprête à ouvrir mais hésite.

LUKE, vers le ciel :

LUKE toque une fois. Puis une deuxième, et enfin une troisième. Alors qu’il lève le poing pour réitérer, la porte s’ouvre, et ALIZEE apparaît devant lui. Elle reste immobile et silencieuse. La pluie s’intensifie et l’eau ruisselle le long du corps de LUKE.

LUKE, nerveux : « Bonsoir ALIZEE. Je suis de retour. Le retour que je te présente n’est pas à la hauteur de celui que je souhaitais t’offrir, mais je suis désormais libre. Je ne peux te demander de pardonner mon absence et mes silences, je ne peux t’implorer de me comprendre, mais écoute-moi, laisse moi te conter les histoires qui se sont inscrites dans mon passé. Puis-je entrer ? »

@ft. Alizée Je suis heureux de pouvoir à nouveau jouer avec ce personnage, amusons-nous !

ALIZEE est immobile, tandis que LUKE, anxieux, frotte ses mains l’une contre l’autre. Profitant de l’écart, LUKE pénètre dans l’observatoire en refermant derrière lui la porte d’entrée. Il observe les lieux.

LUKE, d’une voix timide : « Cet observatoire est immense, bien que sa décoration ne puisse convenir à des êtres tels que nous, il est l’humble outil que toi, grande astrologue, tu mérites pour m’avoir attendu si longtemps. A lui même. J’ai peur, et je ne sais quel mot choisir pour exprimer les émotions qui tressaillent mon cœur et engourdissent ma gorge. L’atmosphère est si lourde, une vague sensation de nostalgie envahit mes pensées. C’est comme si j’avais tant rêvé ce moment qu’une fois se déroulant sous mes yeux, je suis perdu comme au premier jour. Rien ne devait se passer comme mes choix ont guidé mon chemin. Je ne regrette pas, je ne me languis pas du passé que j’ai renié, cependant la culpabilité d’avoir abandonné à son sort une pauvre démone innocente, cette exaction me détruit la poitrine. Ô je fus égoïste et inconscient de penser pouvoir arrêter le temps lors de mon absence, et revenir comme un cheveux sur la soupe pour reprendre là où tout s’était arrêté. Il se tourne vers elle. Je ne sais à travers son regard ce qui traverse son encéphale, je ne puis décrire et interpréter ses sens qui semblent se bousculer, que dois-je faire ? Quelle carte dois-je abattre pour me faire pardonner et espère retrouver en elle la pointe de ce que j’avais promis de lui offrir. Je suis pathétique, à me questionner et à me lamenter, laissant ma pauvre démone seule contre le monde. J’aurais du réfléchir avant de venir, ressasser dans ma tête des paroles, des mots, juste des sons à exprimer. Quelque chose sacrediable plutôt que le silence. Il soupire. L’honnêteté devrait être la meilleure des solutions, car je ne puis me permettre de desservir à ma chère démone des bobards dignes des pires scénarios tragiques. Je suis libre, je me dois d’assumer les chemins qui ont guidé ma route. »

LUKE, vers le ciel :

LUKE, d’une voix douce : « Je suis revenu, définitivement. Je suis désolé de me montrer à toi sous un jour si pitoyable. J’espérais apparaître au soleil levant, vêtu d’une armure scintillante et suivi d’une armée plus grande que l’horizon ne puisse le monter. Cependant, ma douce ALIZEE, je crains que je ne puisse point t’offrir ce que je t’avais promis. J’ai été trahi, mis à nu, humilié jusqu’au plus profond de ma chair. Tu avais raison de te méfier de lui, car c’est celui en qui je plaçais mes espoirs et mes sentiments qui s’est emparé de mon cœur pour l’écraser entre ses doigts. Je me présente en ta demeure, en espérant que tu acceptes de me donner l’hospitalité. Je n’ai nulle part où aller désormais, et je n’ai plus que toi. »

@ft. Alizée La hype .w.

ALIZEE est désormais agenouillée devant LUKE, une larme dévalant sa joue gauche. Ses mains sont jointes et ses paroles résonnent dans la pièce. Le visage de LUKE est fermé, indéchiffrable. Il est tourné dans l'autre direction.

LUKE, le cœur lourd : « ALIZEE, ma douce pirate, chère et tendre démone qui m'est restée fidèle depuis la nuit des temps, seule et unique dernière personne de ces mondes à poser sa tête contre mes genoux. Elle est l'unique bouée de sauvetage au milieu de cet océan de mystères et d'ombres qui tentent d'envahir mon esprit. Te voir en cette position, me rendre grâce alors que le titre que je porte n'existe plus, que j'ai arraché ma couronne de ma déchue apogée, et que j'ai piétiné la mémoire de mes prestiges, tu continues de poser genou devant moi. Je suis si touché. Il porte une main à sa poitrine. Toi qui longtemps attendit mon retour, tes idées sont intactes, tes idéaux puissants sont restés inchangés par les artifices du temps et les manigances du destin. Le Créateur aurait-il épargné ta vie et ton âme, l'aurais-tu rejeté toi aussi alors que tu étais plus jeune ? »

Le regard de LUKE balaie l'observatoire, et se pose un instant sur OURANE, à l'extérieur. Puis il se tourne vers ALIZEE et prend sa main dans la sienne.

LUKE, la voix tremblante : « Pardonne moi je te prie. Pardonne moi de ne pouvoir t'offrir que ma pitoyable présence, de n'avoir à te proposer comme retour que ces lambeaux de mon pouvoir et de mon honneur. Si tu savais les périples que j'ai vécu, les orages que j'ai traversé pour en arriver là. J'ai tout perdu. Des glorieuses sanctifications de mon empire ne restent que des vestiges calcinés par le mensonge et les trahisons. Je n'ai plus rien à offrir, plus rien à promettre. Je n'ai plus de soldats, plus de palais. Si je me présente à toi, c'est car je n'ai plus rien d'autre que toi. Puisses-tu résoudre mon humble requête que de m'accepter à tes côtés et de me pardonner ? »

@ft. Alizée ✞

LUKE et ALIZEE se soutiennent leurs regards dans un silence respectable. Dehors, l'orage est plus fort que jamais et la pluie s'acharne contre les carreaux de l'observatoire. LUKE tressaille de ses membres.

LUKE, empli d'émotions : « ALIZEE, je ressens toute la douleur et la tristesse que ton corps peut rayonner à cet instant, tes émotions dépeignent dans mon cœur des spirales infernales explosives. Au plus profond de moi se mélangent des sensations incompréhensibles, mais qui convergent vers une seule chose : Toi. Je vois ton corps se métamorphoser devant mes yeux salés, tes tremblements se joignent aux miens pour ne former qu'un seul et unique rythme effréné de nos organismes, vibrant sur une même mesure et traduisant nos peines mutuelles. Je n'ai de mots assez horribles pour me décrire, ni d'expression qui pourrait parfaitement graver dans le marbre le monstre que je suis. Je t'ai causé tant d'afflictions, et j'en suis désolé. Il marque une pause. Je comprends, tu ne peux me pardonner. Après tout, moi le bourreau sans une once de pitié ait trahi notre promesse. Je t'ai abandonné en pâture à des loups affamés et galeux. J'ai osé laissé des ordures souiller tes espoirs et briser tes rêves. Par ma faute, j'ai causé des dégâts irréversibles à ton âme, j'ai probablement causé ta perte. Je ne pourrais jamais me le pardonner. »

Il se tait, surpris, et sa main son étreinte se resserre contre la main d'ALIZEE. Désormais, LUKE ne peut plus contenir ses larmes qui dévalent ses joues.

LUKE, hésitant : « Ma douce ALIZEE, tu ne me gardes ainsi aucune rancœur ? Tu es si pure et loyale que tu choisis d'ignorer mes erreurs malgré la douleur. Ton visage n'exprime à mon égard ni haine, ni remords, ni regrets, ni détestation. Je ne pourrais te dire à quel point je t'en suis reconnaissant, et à quel point tout mon être admire ta détermination loyale. Tu serais à te munir de ta plume et de ton épée pour réécrire mon histoire et sabrer mon passé. J'ai renié le destin et le Créateur, mais quiconque t'a placé sur ma route ma chère démone est le plus grand des bienfaiteurs. Tu es plus que ma seconde, tu es presque une partie entière de moi qui me soutient jusqu'à son dernier souffle. Tu me dois tout, comme je te dois tout présentement. Nos rôles pourraient presque s'inverser si ce n'est nos conditions naturelles opposées. »

ALIZEE pose le poing contre le sol tandis que ses ailes se déploie. LUKE soupire et à travers les lambeaux de ses tissus se déplient ses longues ailes désormais grises, où des chaînes d'argent pendent entre les plumes. Son aura déchue se répand dans la pièce, enlaçant celle pure de la démone. LUKE s'accroupit et pose une deuxième main contre la joue d'ALIZEE.

LUKE, à ALIZEE : « Tu ne peux imaginer ce que tes mots représentent pour moi. Je ne sais pas de quoi est fait mon avenir, ni comment je choisirai de l'écrire, mais je peux t'assurer que plus jamais je ne compterai t'abandonner. Tu as une place dans le tableau de ma vie, peinte aux milles couleurs de la vie, à mes côtés, royalement dessinée de la main du meilleur peintre des Enfers. Merci, ma douce ALIZEE.»

@ft. Alizée ✞

LUKE et ALIZEE sont enrobés par leurs auras respectives, où les noirceurs et les clartés s’entremêlent sans se nuire. Les larmes ont cessé de couler. LUKE est empli d'une détermination sans faille.

LUKE : « Ce monde ne connaît ni la violence, ni le courage de deux êtres au destin lié. Il ne sait point encore le pouvoir d'une croyance sans limite, la volonté inébranlable de bouleverser le monde et ses règles puériles. Nous nous accordons toi et moi ma démone sur notre objectif, nous souhaitons tous les deux mettre un terme à des lois suprarchaïques qui régissent nos pauvres destinées manipulées. Nous désirons briser les chaînes qui entravent nos vie, déployer nos ailes sans contraintes à travers l'orage sans craindre la foudre. Nous voulons être libre. Silence. Libre. Libre, liberté. Être libre à tout jamais. Je me suis battu pour acquérir cette liberté, et c'est à ton tour de te battre pour embrasser la tienne. Ensemble, je peux t"aider à retrouver ta liberté. Mon royaume n'a ni besoin d'être grand, ni besoin de contenir des milliers d'hommes. Je me contente, au plus profond de mon cœur, d'un foyer sans artifice où coule la paix et les jours heureux. Peut-être prononce-je ces mots sous l'émotion, et je connais suffisamment mes penchants pour me savoir insatisfait d'un tel spectacle. Cependant, un jour viendra où le tableau paisible de ce rêve suffira à contenir mon corps. Où face à ce rêve si originel, un sentiment de contentement s'emparera de mon être. »

LUKE se relève, une mèche des cheveux d'ALIZEE entre ses mains.

LUKE, frissonne : « Je ressens ton aura, ALIZEE. Elle m'avait manqué. C'est comme si je la découvrais à nouveau, des années plus tard. Je ressens tes peurs, ta colère, et les grandes missives de ton esprit. La chaleur de tes rêves et de tes espoirs réchauffe ma propre carcasse glaciale. Je ne pensais trouver en revenant ici un désir inavoué, la tendra caresse d'une promesse aussi folle soit-elle. Vers ALIZEE, Je crois en nous. »

Un gargouillis résonne dans l'OBSERVATOIRE, et LUKE se redresse en posant une main sur son ventre creusé par la faim. Il semble embarrassé.

LUKE, ennuyé : « Si mon propre corps désormais choisit d'interrompre moment si dramatique. Il semblerait que mon jeune prolongé touche à sa faim. J'espère que ma tendre démone possède quelque part des restes de ces précédents repas pour m'en laisser me sustenter.  Nous déciderons de nos plans et projets le vendre plein. Ma gorge et mes yeux secs d'avoir exprimé mes émotions se sentent asséchées et demandent réparations.»

@ft. Alizée ✞

ALIZEE fouille dans la cuisine de l’observatoire à la recherche de vivres pour sustenter LUKE, dont le regard navigue pour observer les lieux, une main sur son ventre grondant.

LUKE : « Cet instant semble irréel, extrait du temps d’une paire de ciseaux fins, immobilisé au milieu de nulle part avant d’être replacé dans le grand cours de nos destins. Un mirage au beau milieu d’un désert, sous un soleil de plomb et à des kilomètres d’un oasis. Une plume s’échine sur notre parchemin à tracer nos visages emplis d’émotions et nos cœurs battant à en perdre le rythme. Après tout ce temps, rien n’a changé. Tu éprouves pour moi des sentiments identiques, tu te souviens de notre promesse échangée ce-jour dans les égouts, et moi je continue de voir en toi une figure ressemblant à ne pas en douter à un foyer. Je t’observe, sans un mot, mouvoir tes muscles et rechercher dans cette demeure qui est la tienne. Je découvre tes pieds glisser avec aisance, tes sourcils se froncer, tes phalanges tapoter contre le bois. Je peux encore lire en toi comme dans un livre ouvert, une armoire dont tu m’aurais laissé les clés, car tu crois en moi et m’accorde une confiance sans limite. Bien que je ne sois pas le plus à même de t’offrir la réciproque, car une part de moi n’est pas doué à l’art d’exprimer ses émotions sans causer de désastre, tu ne peux imaginer la douce chaleur qui enveloppe mon être tandis que tu poses sur ce qui s’apparente à une table des vivres pour remplir mon estomac. »

ALIZEE dépose sur la table les vivres et s’excuse. Son visage anxieux chercher en celui de LUKE un réconfort, et ses yeux inquisiteurs trahissent ses pensées.

LUKE : « Je sais à quoi tu penses ALIZEE, mais je ne puis pour le moment assouvir ces interrogations qui parcourent ton esprit. Mes blessures saignent encore, le fantôme de la lame ayant brisé ma chair hante encore ma peau et des frissons persuasifs parcourent mon corps chaque fois que je repense à son image. Je te remercie d’un léger sourire et m’avance pour saisir la pomme, dans laquelle je croque ; son goût acide apaise mon cœur amer. J’observe un instant la bouteille, curieux, puis me décide à l’ouvrir. Une odeur parfumée d’orangeade dans un premier temps me parvient et encense mes narines, avant que l’aspect piquant de l’alcool ne viennent s’ajouter à lui. Tes yeux sont encore rivés sur moi, je te sais attentive, et je m’en voudrais de plus encore te laisser condamner ton manque d’organisation. Je suis débarque, après des mois sans nouvelles de toi, je ne m’attendais pas à meilleur accueil. Il porte la bouteille à ses lèvres et boit une gorgée. Le goût est d’une amertume inexquise, mais la sensation désagréable est masquée par la douceur de cette liqueur roulant dans ma gorge. Je bois deux autres gorgées d’affilée, et repose la bouteille à proximité de toi, t’invitant à partager notre festin. Je repose la pomme à moitié dévorée et pèle l’orange, puis rompt le pain pour t’en proposer une partie. Mon estomac se repaît calmement et ses grondements se raréfient. Très vite, une douce caresse enveloppe mon être, due certainement à l’ivresse, mais peu importe, je reprends vie à tes côtés. »

LUKE mange en silence, les yeux perdus dans le vide, avant de boire une dernière gorgée et de se tourner vers ALIZEE, dans l’expectante.

LUKE, doux-amer, à ALIZEE : « Tu n’aurais pu me réserver meilleur accueil ma tendre démone. Et même si tu avais voulu rejoindre le palais, tu aurais trouvé porte close. Tu avais raison depuis le début, depuis ce premier jour où tu m’as confié, au coin d’un couloir du palais, ce que tu pensais vraiment de lui. J’aurais du me méfier, je n’aurais pas de me laisser bercer par son étreinte. Il m’a trahi, et désormais j’essaie de recoller les morceaux de mon cœur brisé. Si tu savais ALIZEE, tout ce qui m’est arrivé depuis ces derniers mois. Mais, laisse-moi un instant je te prie. »

LUKE se lève, emportant les vêtements généreusement offerts et rejoint un espace à l’écart. Il se change, enfilant les vêtements bien trop grands pour lui, posant la cape sur ses épaules et revient. Il boit une nouvelle gorgée, emporte la bouteille et s’assoit sur le hamac. Il tend la bouteille en direction d’ALIZEE et l’invite à le rejoindre.

@ft. Alizée La hype .w.

LUKE est allongé dans le hamac, les yeux rivés sur les détours du plafond. Il se balance lentement en battant un rythme tranquille par des coups de pied dans le vent.

LUKE : « Tu ne me rejoins pas. Relevant le buste, je t’aperçois perdue dans tes pensées, concentrée sur un sujet qui n’est plus le mien mais devient le tien. Je repose la bouteille fermée à mes côtés et reste silencieux. Il était peut être trop tôt pour te révéler les péripéties qui ont animés les derniers mois. Mais je te devais au moins cela, pour l’attente et la patience inégalable dont tu as fais preuve. Tes yeux sont noircis par des émotions que je ne peux déchiffrer et je sens ton aura palpiter sous cette enveloppe magnifique qu’est la tienne. Mon aura souhaiterait venir à toi, caresser ta joue, initier une étreinte, mais je la retiens. J’ai peur que son amertume et sa perversion ne te repoussent plus qu’autre chose. Mes yeux ne peuvent se lasser de glisser dans ta direction, pour mesurer ta présence, déceler ta réaction. Je te découvre visage baissé, un sourire étrange ornant tes lèvres. Je devrais craindre le pire. Mais mon esprit est ailleurs et je ne mesure pas ce qui se déroule sous mon regard. »

LUKE boit une nouvelle gorgée puis tousse subitement. Il repose ensuite la bouteille et se relève, un brin brusquement. Il titube légèrement, jusqu’à rejoindre sa guitare abandonnée contre un pan de mur. Puis il retourne s’asseoir sur le hamac.

LUKE, frottant les cordes : « Je ne puis exprimer toute la douleur qui enserre mon cœur mais je puis chercher à te transmettre ce qui te revient de droit. Je te le dois. Ses mains invitent ALIZEE à nouveau à le rejoindre. Je pose mon instrument contre ma cuisse et me prépare à improviser un air. Pour raconter, délivrer la vérité ou du moins ce qu’il en reste :

Ô plaines infernales, vous souvenez-vous ?
Un prince au manteau de plumes,
Commandait les flammes et les chevaux de la Cavale.
Sous ses doigts fins dansaient les démons
Et riaient les démones.

Son ministre a planté dans son dos,
La lame empoisonnée d’un couteau rouillé.
Hurlant de douleur, le prince tout perdit,
Il erra dans les Enfers à la recherche d’un foyer.

Mais le poison instigué dans son corps,
Continuait de battre et empreindre son âme.
Le prince déchira son manteau et arracha sa couronne
Et renonça à tout ce qu’il avait,
Pour repayer sa liberté.

Ce conte est mon histoire, la vérité qui transparaît à travers ces vers déchire ma poitrine mais je ta le dois. Je me suis promis de recommencer à zéro et reconstruire une nouvelle vie libre et riche de ce qu’elle peut m’apporter. ALIZEE, j’espère que tu me comprendras. »

@ft. Alizée Petit à petit le fil se délie.

LUKE a déposé sa guitare sur le hamac, son regard est posé sur ALIZEE, assise sur un pilier de soutien de la plate-forme astronomique. L’émotion est palpable dans l’observatoire.

LUKE, perdu quelque part, dans ses pensées : « Je crois qu’à présent tu peux mesurer l’entièreté des événements qui se sont déroulés depuis notre séparation. J’ai l’impression que tout ne date que d’hier, qu’encore avant hier je pouvais jouir de mon trône, de mes troupes, de mes biens. J’ai le sentiment que la semaine dernière je dansais encore au Bal. Le temps est passé si vite, je ne t’ai pas vu grandir ALIZEE, loin de moi, seule face à l’immense armée des anges et les raclures draconiennes sévissant sur ces terres. Je t’ai perdu une première fois, puis une seconde, mais je te promets de ne plus jamais te tourner le dos. Je sais que tu me comprends, et que tu distrais tes propres sentiments sincères, mais au plus profond de toi, je souhaite que tu encres ce principe : je serais là pour toi aussi. Mon aura ne parvient plus à se retenir, elle s’échappe de mon corps, glisse le long de la plate-forme et se joint à toi. Elle t’enroule d’une douceur que je ne saurais décrire, elle reflète les lumières de la Lune et les battements de la pluie. Ces cors symphoniques qui frappent à l’unisson rayonnent d’une teinte d’espérance. Je t’entends fredonner, reprenant cet air que j’avais peut-être extirpé de mes souvenirs pour te l’approprier et me répondre. Je ne sais ce que tu me dis, mais je le sens à travers toi, car je peux lire en toi comme dans un livre ouvert. Ma douce ALIZEE, que la chaleur de ta présence et de tes émotions m’a manqué. Ô que le sentiment d’un foyer revigore mon âme percée par la rancune et l’aigreur du passé. Nous devons aller de l’avant désormais, reconstruire notre monde et exploiter jusqu’à notre dernier souffle la liberté pour laquelle nous nous sommes battus ».

LUKE plonge son regard enfant dans celui d’ALIZEE, avant de sourire naïvement. Il boit une nouvelle gorgée de la liqueur, toussote à nouveau, et s’allonge dans le hamac, bras pendants dans le vide.

LUKE, à ALIZEE : « Oui, c’est un nouveau jour qui commence. Nous avons entre les mains toutes les cartes nécessaires à un avenir radieux. Ce nouveau monde que nous allons bâtir n’attend que nous, que nos rêves, que nos rires. Construisons ensemble cette nouvelle utopie. Après un instant. Merci ALIZEE, de toujours avoir été de mon côté. Je te promets qu’un jour, tu seras fière. »  

@ft. Alizée Cette scène est magnifique .w.